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entretien avec camel zekri
par dídac p. lagarriga (2004)

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Camel Zekri (1962). Il se partage entre de multiples activités. Avant tout il est un compositeur/multi-instrumentiste, jouant de la guitare (1er prix de guitareclassique aux conservatoires de Paris) de l'oud et de l'ordinateur (surlequel il a développé de nouvelle pratiques musicales, poussant les logiciels dans leurs retranchements). Dans son cursus, on trouve pêle mêle une licence de musicologie à Paris IV, des stages à l'Ircam (où enseigne Pierre Boulez), des concerts virtuels avec Edwin van der Heide et Atau Tanaka et 10 ans de musique antillaise. Esprit curieux de tout, il a suivrée l'enseignement de Hamma Moussa, maître du diwan de Biskra.




CZ: J'ai commencé la musique très tôt et sans le savoir car, appartenant à une famille de musiciens traditionnels du sud algérien, je pensais que la musique était un élément naturel pour tout le monde. J'ai donc baigné dans un univers musical. Ensuite, J'ai pratiqué en France avec mes frères. Aussi nous nous sommes passionné pour toutes les musiques et nous allions faire les marchés d'occasions du disque chaque semaine. Nous allions au concerts très souvent.
Mais, j'étais surtout attiré par les musiques expérimentales, le free jazz, la musique contemporaine et les musiques extra-européennes. Dès 89 je me suis intéressé à l'utilisation des ordinateurs dans la musique. Mais c'est en 95 que j'ai pu pratiquer en live un jeu instrumental qui lit la guitare acoustique à l'ordinateur.
Pour ce qui est de ma formation avec Hamma Moussa, elle s'inscrit dans une formation traditionnelle africaine ou l'enseignement est autant spirituel que pratique. Je l'ai commencé des mon enfance et je m'en sert toujours.

- Le logiciel MAX, l'oud et la guitare ils sont tous des outillage. La musique antillaise, africaine ou quelque autre étiquette elles sont toutes des langages. Le temps est "aujourd'hui" (on peut parler de modernité, mais à mon avis, le mot qui nous met en place dans le temps c'est pas "la modernité" mais "aujourd'hui"). Alors, "aujourd'hui" tu travailles avec tes outillage moyennant un langage communicative. Mais, de l'autre coté, il y a l'indispensable, la personne qui écoute. Quelle rapport existe avec cet personne? Comme ton (notre) temps, les outillage et les différents (mais pas très différents) langages ils sont reçus par cet personne qui écoute? A ton avis, est qu'il y a une personne qui écoute ou, comme on dis, la personne s'a divisé complètement et maintenant il existe seulement des spécialisés qui ne veulent pas écouter ça qui ils ne comprennent pas, ou ça qui est joué avec un outil différent à son milieu, etc..? (je voudrais savoir quelle est ton auditeur idéale, mais aussi si cet auditeur vient dans tes concerts ou si, par contre, tu peux clairement diviser le public par rapport a la musique et par toi c'est difficile de te rencontrer la même personne dans un concert de musique antillaise et dans un autre de improvisation avec l'ordinateur... je voudrais savoir si ça c'est un fait que t'étonne, ou que tu réalises, ou que tu ignores...)

CZ: Je n'ai pas toujours pratiqué ces différents style au même moment. Mais je crois qu'il est important que l'auditeur soit toujours prêt à être étonné des propositions musicales. Même s'il est un spécialiste, il doit écouter avec simplicité pour être disponible aux propositions vibratoires. Cela me semble essentiel car une forme d'innocence permet la fraîcheur de l'écoute. Souvent ceux qui découvrent une musique éprouvent de vrais sentiments et c'est ce qui m'intéresse. Quelque soit leur choix c'est à ce point précis que je trouve l'échange avec le public.

-J'entends beaucoup des fois dans l'Europe l'idée que dans l'Afrique il n'existe pas des musiques experimentels... Pour quoi penses-toi que toujours aujourd'hui, dans le même centre de la société de l'information, il y a cette opinion? Combien de colonialisme reste encore même dans la pensée plus "avance" de les secteurs culturaux du premier monde?

CZ: Cela suit la réponse que je fait plus haut ou la ou les sociétés dominantes veulent tenir les clefs de la créations. De ce fait ils ont créés une classification des oeuvres créées par les hommes ou l'on retrouve la musique traditionnelle issu du fond des ages et dont on fait complètement abstraction du musicien porteur qui est toujours un créateur dans les musiques populaires orales, les musiques de variétés etc.. jusqu'au musique contemporaine qui se trouve en haut de la pyramide. Cette hiérarchie existe de façon économique dans la rétribution des droits sur ces musiques. Bien sur que l'on peut le rattacher au colonialisme mais je pense que c'est surtout le fruit d'un système économique.

- Et quelle est ta position dans cet problème? Je me suppose que ton travail te porte dans cet débat; je me souviens d'un article de ton disque Venus hottentote dans la revue musical et très spécialisé The Wire et ils ont mis ton disque dans la section Global, quand il y a une autre section dans le même revue qui s'appelle Improvisation... et que peut-être l'unique raison de te mettre dans Global (en fait un étiquette intellectualisé pour non dire worldmusic...) c'est ton nom et ton identité, pas ta musique... (?!)

CZ: C'est ce que je dis plus haut. Pas plus Wire que n'importe quel festival ou lieu de diffusion ne peuvent considéré l'oeuvre d'un artiste issu du sud comme une oeuvre universelle. C'est bien là le point de débat le plus crucial car cela veut dire que pour ces responsables culturels et journalistes que la classification artistique hiérarchisée reste toujours présente dans leur manière de voir même si (et j'en connais) il la combatte. Pourquoi? malgré tout la propagande colonialiste du XIXè a fait des dégâts. Les blessures mentales sont toujours présentes. C'est un long processus qui nous amènera dans des pratiques plus naturelles de la reconnaissance artistique universelle.

- Que penses-tu des étiquettes woldmusic, global, musiques de fusion, métissage...

CZ: Elles nous feront rire dans cinquante ans.

- Il y a un extrait sur "La Musique de l'Autre. Les Nouveaux Défis de l'Ethnomusicologie", de Laurent Aubert, qui dis: "... des Pygmées d'Afrique Centrale empruntent la harpe ou la sanza de leurs voisins Bantous pour accompagner leurs chants, des Indiens d'Amazonie imitent les flûtes vues et entendues chez d'autres peuples de la fôret, ou même que des musiciens classiques de l'Inde s'approprient le violon ou le mandoline européen: de telles innovations ne constituent pas une rupture car ces instruments s'intègrent sans peine à une vision du monde cohérente et à sa manifestation sonore."
Peut-on appliquer cet précepte dans toutes les musiques -et leurs musiciens? À mon avis, la commercialisation de la fusion chez la worldmusic non refuse, par revanche, cette vision cohérente du monde; la cohérence et sa manifestation sonore, ici, répond a la vénalitation des cultures et a la simplicité de ses signifiances... Un monde facile à écouter c'est un monde facile a dominer... Quelle opinion as-tu de tout ça?

CZ: Ce que je trouve extraordinaire c'est la faculté de l'humain à redécouvrir en son temps des pratiques qui ont toujours existés. Depuis le début des temps l'humain s'est intéressé à son voisin, sa langue, ses vêtements, ses instruments, ses constructions etc..Il a emprunté ce qui l'intéressait pour l'adapter à ces propres besoins tout naturellement. Il suffit de voyager pour s'en rendre compte. C'est une question de bon sens. Ce sont les états et les intérêts économiques qui ont créer des barrages à l'échanges entre les humains et ils est vrai que ces murs de séparation sont plus ou moins poreux. Cela conforte la hiérarchie des musiques.
Alors que nous pouvons lire dans Homère qu'il y avait toujours une place et un repas dans le foyer pour le voyageur étranger (et j'ai connu cela dans le sud en Algérie), aujourd'hui cette place est occupé par le téléviseur qui ne cesse de présenter l'étranger comme un danger potentiel dont il faut ce méfier.

-Peux-tu nous expliquer un peu le Festival de l'eau?

CZ: Pour résumer, le festival de l'eau est né 1992 alors que je travaillais au Niger. A la vue du fleuve, l'idée à germé en moi de réunir des artistes et de descendre avec eux le fleuve sur des embarcations locales afin de faire des rencontres artistiques. Etant musicien, je voulais élargir ce festival à d'autres formes artistiques. Je me suis inspiré de l'eau pour tiré les éléments fondamentaux du concept du festival: L'eau réunit les humains, elle est élément de création, elle a plusieurs formes etc...et je me suis inspiré du Diwan (cérémonie Gnawa d'Algérie) qui réunit la musique, la danse, le chants, le théâtre pour ouvrir le festival sous une forme plus actuelle à l'image, le théâtre et l'art plastic.
Ce n'est que longtemps après que j'ai compris le sens de ce festival qui utilise l'improvisation et l'art éphémère comme principe afin de réunir les hommes du nord et du sud dans des créations qui scellent leur unions dans l'art d'aujourd'hui.
La première édition a eu lieu en 1996 sur le fleuve Niger, dans le pays Niger, la deuxième édition on l'a fait en janvier 2000 sur le fleuve Mouhoun au Burkina Faso, la troisième édition en 2001 sur le Oubangui en Centrafrique et là, je reviens juste de la quatrième édition qui s'est déroulée sur le fleuve Sénégal, qui touche le Mali et le Sénégal.

- Peux-tu nous dire de tes nouveaux projets?

CZ: Je continue mes recherches sur des pratiques et des rencontres artistiques nord sud autour des musiques d'aujourd'hui. Actuellement je travaille avec une formation de dix musiciens de France et d'Algérie. Nous jouons en Cercle avec le public et l'ingénieur du son au centre. Nous avons quatre points de diffusion fixe et quatre points de diffusion mobile qui sont l'instruments de l'ingénieurs du son. L'objet de ce travail et de conjuguer deux formes de musique de transe qui existent au Maghreb au travers de l'improvisation.

- Veux-tu recommander quelques disques ou musiciens importants pour toi?

CZ: Cela m'est difficile car c'est énorme. Je recommande le voyage, la rencontre et la pratique car le monde est vaste et beau.





Discographie principale:

Camel Zekri - vénus hottentote - la nuit transfigurée
Anderson, Paquotte, Zekri - the Infusion - 33revpermis
Dicotylédone - Les oiseaux improvisent-ils ? - Label Khôkhôt.
Système Friche - Label In Situ.
Étienne Brunet - B/Free/Biftec - Label Saravah.
Festival de l'eau - label Vandoeuvre
Zekri Camel et Dominique Repecaud - Rectangle
Misère et cordes - au ni kita - potlatch
Diwan-Bel Air-Gnawa : 10 musiciens d'Algerie, du Maroc et de la Martinique
Création au festival de Jazz des Oudayas, en france aux Nuits Atypiques de Langon et Errobiko Festibala.
Delta - Hymne à la liberté - Debs production
Dédé St Prix - Kannel - Carrère production
Ralph Thamar - Caraïbe - Déclic production


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