___________________________________________________
entretien
avec camel zekri ____________________________________
- Le logiciel MAX, l'oud et la guitare ils sont tous des outillage. La musique antillaise, africaine ou quelque autre étiquette elles sont toutes des langages. Le temps est "aujourd'hui" (on peut parler de modernité, mais à mon avis, le mot qui nous met en place dans le temps c'est pas "la modernité" mais "aujourd'hui"). Alors, "aujourd'hui" tu travailles avec tes outillage moyennant un langage communicative. Mais, de l'autre coté, il y a l'indispensable, la personne qui écoute. Quelle rapport existe avec cet personne? Comme ton (notre) temps, les outillage et les différents (mais pas très différents) langages ils sont reçus par cet personne qui écoute? A ton avis, est qu'il y a une personne qui écoute ou, comme on dis, la personne s'a divisé complètement et maintenant il existe seulement des spécialisés qui ne veulent pas écouter ça qui ils ne comprennent pas, ou ça qui est joué avec un outil différent à son milieu, etc..? (je voudrais savoir quelle est ton auditeur idéale, mais aussi si cet auditeur vient dans tes concerts ou si, par contre, tu peux clairement diviser le public par rapport a la musique et par toi c'est difficile de te rencontrer la même personne dans un concert de musique antillaise et dans un autre de improvisation avec l'ordinateur... je voudrais savoir si ça c'est un fait que t'étonne, ou que tu réalises, ou que tu ignores...) CZ: Je n'ai pas toujours pratiqué ces différents style au même moment. Mais je crois qu'il est important que l'auditeur soit toujours prêt à être étonné des propositions musicales. Même s'il est un spécialiste, il doit écouter avec simplicité pour être disponible aux propositions vibratoires. Cela me semble essentiel car une forme d'innocence permet la fraîcheur de l'écoute. Souvent ceux qui découvrent une musique éprouvent de vrais sentiments et c'est ce qui m'intéresse. Quelque soit leur choix c'est à ce point précis que je trouve l'échange avec le public. -J'entends beaucoup des fois dans l'Europe l'idée que dans l'Afrique il n'existe pas des musiques experimentels... Pour quoi penses-toi que toujours aujourd'hui, dans le même centre de la société de l'information, il y a cette opinion? Combien de colonialisme reste encore même dans la pensée plus "avance" de les secteurs culturaux du premier monde? CZ: Cela suit la réponse que je fait plus haut ou la ou les sociétés dominantes veulent tenir les clefs de la créations. De ce fait ils ont créés une classification des oeuvres créées par les hommes ou l'on retrouve la musique traditionnelle issu du fond des ages et dont on fait complètement abstraction du musicien porteur qui est toujours un créateur dans les musiques populaires orales, les musiques de variétés etc.. jusqu'au musique contemporaine qui se trouve en haut de la pyramide. Cette hiérarchie existe de façon économique dans la rétribution des droits sur ces musiques. Bien sur que l'on peut le rattacher au colonialisme mais je pense que c'est surtout le fruit d'un système économique. - Et quelle est ta position dans cet problème? Je me suppose que ton travail te porte dans cet débat; je me souviens d'un article de ton disque Venus hottentote dans la revue musical et très spécialisé The Wire et ils ont mis ton disque dans la section Global, quand il y a une autre section dans le même revue qui s'appelle Improvisation... et que peut-être l'unique raison de te mettre dans Global (en fait un étiquette intellectualisé pour non dire worldmusic...) c'est ton nom et ton identité, pas ta musique... (?!) CZ: C'est ce que je dis plus haut. Pas plus Wire que n'importe quel festival ou lieu de diffusion ne peuvent considéré l'oeuvre d'un artiste issu du sud comme une oeuvre universelle. C'est bien là le point de débat le plus crucial car cela veut dire que pour ces responsables culturels et journalistes que la classification artistique hiérarchisée reste toujours présente dans leur manière de voir même si (et j'en connais) il la combatte. Pourquoi? malgré tout la propagande colonialiste du XIXè a fait des dégâts. Les blessures mentales sont toujours présentes. C'est un long processus qui nous amènera dans des pratiques plus naturelles de la reconnaissance artistique universelle. - Que penses-tu des étiquettes woldmusic, global, musiques de fusion, métissage... CZ: Elles nous feront rire dans cinquante ans. -
Il y a un extrait sur "La Musique de l'Autre. Les Nouveaux Défis
de l'Ethnomusicologie", de Laurent Aubert, qui dis: "... des
Pygmées d'Afrique Centrale empruntent la harpe ou la sanza de
leurs voisins Bantous pour accompagner leurs chants, des Indiens d'Amazonie
imitent les flûtes vues et entendues chez d'autres peuples de
la fôret, ou même que des musiciens classiques de l'Inde
s'approprient le violon ou le mandoline européen: de telles innovations
ne constituent pas une rupture car ces instruments s'intègrent
sans peine à une vision du monde cohérente et à
sa manifestation sonore." CZ:
Ce que je trouve extraordinaire c'est la faculté de l'humain
à redécouvrir en son temps des pratiques qui ont toujours
existés. Depuis le début des temps l'humain s'est intéressé
à son voisin, sa langue, ses vêtements, ses instruments,
ses constructions etc..Il a emprunté ce qui l'intéressait
pour l'adapter à ces propres besoins tout naturellement. Il suffit
de voyager pour s'en rendre compte. C'est une question de bon sens.
Ce sont les états et les intérêts économiques
qui ont créer des barrages à l'échanges entre les
humains et ils est vrai que ces murs de séparation sont plus
ou moins poreux. Cela conforte la hiérarchie des musiques. -Peux-tu nous expliquer un peu le Festival de l'eau? CZ:
Pour résumer, le festival de l'eau est né 1992 alors que
je travaillais au Niger. A la vue du fleuve, l'idée à
germé en moi de réunir des artistes et de descendre avec
eux le fleuve sur des embarcations locales afin de faire des rencontres
artistiques. Etant musicien, je voulais élargir ce festival à
d'autres formes artistiques. Je me suis inspiré de l'eau pour
tiré les éléments fondamentaux du concept du festival:
L'eau réunit les humains, elle est élément de création,
elle a plusieurs formes etc...et je me suis inspiré du Diwan
(cérémonie Gnawa d'Algérie) qui réunit la
musique, la danse, le chants, le théâtre pour ouvrir le
festival sous une forme plus actuelle à l'image, le théâtre
et l'art plastic. - Peux-tu nous dire de tes nouveaux projets? CZ: Je continue mes recherches sur des pratiques et des rencontres artistiques nord sud autour des musiques d'aujourd'hui. Actuellement je travaille avec une formation de dix musiciens de France et d'Algérie. Nous jouons en Cercle avec le public et l'ingénieur du son au centre. Nous avons quatre points de diffusion fixe et quatre points de diffusion mobile qui sont l'instruments de l'ingénieurs du son. L'objet de ce travail et de conjuguer deux formes de musique de transe qui existent au Maghreb au travers de l'improvisation. - Veux-tu recommander quelques disques ou musiciens importants pour toi? CZ: Cela m'est difficile car c'est énorme. Je recommande le voyage, la rencontre et la pratique car le monde est vaste et beau.
Camel
Zekri - vénus hottentote - la
nuit transfigurée ______________________________________________ |